« L'Algérie, le Maroc et l'actuel Nord-Soudan, pays où je mène mes recherches depuis plusieurs années, ont mis en place au début de ce XXIe siècle, des politiques affichées de "réconciliation" pour les deux premiers, et de "pacification" pour le troisième.
Au centre de ces mécanismes, se trouve une pratique : la compensation (monétaire) pour les crimes perpétrés. Celle-ci a été très peu étudiée.
Avec cet essai, j'espère apporter des éclairages sur le sujet. »
Y. B. H.
« En refermant l'ouvrage, le lecteur se posera sans doute d'autres questions sur le crime, ce construit social que les sociétés désignent comme tel pour conjurer la rupture, instaurer la suture et continuer à vivre ensemble. »
A. Moussaoui (préface)
L'Algérie, après sa politique de la clémence (1995) et sa concorde civile (1999), a mis en oeuvre, à la suite d'un référendum (2005), les mesures de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale politique ultime, à ce jour, pour solder les comptes d'une décennie meurtrière. Au Maroc, un comité d'arbitrage (1999), puis l'Instance Équité et Réconciliation (2004), ont été mis en place pour tourner la page de la période des « années de plomb » (période du règne de Hassan II) pendant laquelle ont été commis des crimes d'État (tortures, emprisonnements, assassinats). Enfin, au Soudan, des négociations de paix se sont déroulées en 1989 et se déroulent encore depuis 2005 pour mettre un terme au conflit violent qui secoue le Darfour et le Nord-Kordofan.
Au centre de ces mécanismes de réconciliation et pacification, se trouve une pratique : la compensation (monétaire) pour les crimes perpétrés. Quelles significations celle-ci peut-elle avoir lorsqu'elle vise à réparer des crimes ? Comment peut-elle être mise en oeuvre et acceptée par les victimes elles-mêmes et la société ?
D'une brûlante actualité, cet essai rigoureux et référencé, qui vise à éclairer les significations de la compensation comme acte de réparation, mais aussi les raisons actuelles de son incomplétude, a le mérite de placer la souffrance humaine au coeur des problématiques exposées, faisant de sa lecture un grand moment de réflexion et d'émotion.
Yazid Ben Hounet, titulaire d'un doctorat de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS, Paris), est anthropologue et chercheur au CNRS. Ses recherches se situent à l'intersection de l'anthropologie juridique et politique en contexte musulman. Il a coordonné différents ouvrages et numéros de revues, et publié deux livres dont L'Algérie des tribus. Le fait tribal dans le Haut Sud-Ouest contemporain (L'Harmattan, Paris, 2009).
 
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