Bien minoritaires furent les intellectuels qui s'opposèrent à la guerre d'Algérie, face à une opinion publique et une classe politique largement hostiles. Ils osèrent pourtant, au nom de "la fidélité têtue à (leurs) valeurs" (Robert Bonnaud), et l'écho de leurs dénonciations résonne aujourd'hui. Mais les textes essentiels de cette période sont difficilement accessibles et c'est ce qui a incité l'historien Pierre Vidal à réunir dans ce recueil ses principaux articles sur la guerre d'Algérie.
Précédé d'une longue préface inédite, cet ensemble constitue un témoignage irremplaçable sur le parcours de cet intellectuel engagé, et surtout sur les invraisemblables violations de l'État de droit qui furent alors commises au nom même de la raison d'État. On y trouvera aussi, tant il est vrai que l'indignation ne se partage pas, des textes dénonçant la permanence du recours à la torture par l'État algérien, jusqu'aux événements sanglants d'octobre 1988.
Au total, un livre nécessaire sur la mémoire, et sur le rôle politique du travail de l'historien. Il répondra aux attentes de tous ceux, de plus en plus nombreux, qui considèrent qu'aujourd'hui, trente ans après, le temps de l'oubli est révolu : continuer à refouler aussi ce qui fut la honte de République que le courage de ceux qui la dénoncèrent ne peut contribuer à l'affaiblissement de notre démocratie.
Votre panier : | Fermer |