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Mouloud Mammeri - L'ahellil du Gourara (2003)

Mouloud Mammeri - L'ahellil du Gourara (2003)


Prix : 1300 (DA) - 13 €


Le coefficient d'accélération qu'a pris depuis peu l'histoire des peuples sans écritures à peu près partout dans le monde, leur fatal et bientôt irréversible alignement sur le type de la civilisation techniciste d'Occident font qu'en certaines régions on assiste probablement aux dernières années où l'on peu recueillir des documents de littérature orale non encore adultérée. Le Gourara du sud-ouest Algérien est de celles-là. Longtemps préservée par les sables dans un relatif isolement, la société du Gourara évolue aujourd'hui rapidement. Déjà une politique du tourisme, soucieuse de rentabilité, travaille à transformer la communion recueillie de l'ahellil en foire, ses officiants en bateleurs. Il était temps de sauver d'une mort indigne un genre qui, pendant des siècles, a traduit la joie, les phantasmes et les désirs des hommes, pour lui donner ne fût-ce que cette vie demi-morte que constitue pour le verbe son enfermement dans les pages froides de l'écrit.
C'est par hasard qu'une équipe de chercheurs a découvert en même temps que la poésie de l'ahellil, sa musique polyphonique, probablement millénaire. Dans l'ahellil ont sédimenté des éléments divers, certains venus de très loin. Il y en a d'actuels, un grand nombre, un grand nombre récite les vertus des chorfa, arrivés dans le pays à partir du XVIème siècle ou leur adresse de longues prières certains chantent les parfums, les bijoux, les amours souvent courtoises de la grande époque que fut pour le Gourara le moyen âge quelques-uns gardent les souvenirs d'une judaïté nombreuse et prospère, jusqu'à sa destruction brutale à la fin du XVème siècle d'autres encore remontent plus loin dans le passé.
Dans une humanité bientôt uniformisée par ses propres inventions et qui dispose de moins en moins de variantes civilisationnelles, un genre comme l'ahellil constitue un exemple encore vivant d'une façon de dire autre chose autrement.

Mouloud Mammeri
Deux années après son installation à la Direction du Centre de Recherches en Anthropologie Préhistoire et Ethnographie, en 1969, Mouloud Mammeri découvre la région du Gourara, formée d'un ensemble de ksour situés au nord du Touat dans le Sahara algérien.
D'emblée, il constitue une équipe de recherche pluridisciplinaire qui rassemble l'étude de la littérature orale, l'ethnomusicologie, l'anthropologie historique, la sociologie de l'éducation, de la santé et des pratiques religieuses.
Mouloud Mammeri s'attelle immédiatement au travail de recueil de la poésie de l'ahellil, en menant plusieurs missions sur le terrain, de 1971 à 1979. Durant ces missions, il parcourt les ksour de Gourara, de Fatis au nord jusqu'à l'Aoueguerout au sud de Charouine à l'ouest, à la recherche de ceux dont les noms circulent de bouche à oreille et qui sont considérés par les Gouraris comme des « maîtres de la parole ».
Patiemment, il enregistre et transcrit les poèmes qu'on lui dicte, se rendant d'un informateur à l'autre pour vérifier les différentes versions d'un même poème.
Au fur et à mesure de l'avancement de cette enquête, Mouloud Mammeri approfondit sa connaissance de l'ahellil et découvre qu'il s'agit d'une parole complexe et structurées que les Gouraris eux-mêmes ne maîtrisaient qu'après une longue initiation.


Mouloud Mammeri - L'ahellil du Gourara (2003)
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