Collection sous la direction de Abderrahmane Rebahi
Ce Glossaire fait la lumière sur le patrimoine linguistique transmis de la langue arabe à la langue française, directement, ou le plus souvent, par l'intermédiaire d'autres langues européennes ou autres , patrimoine trop souvent occulté par les dictionnaires étymologiques français de type conventionnel. Il a pour second objectif d'aider la grande masse des lecteurs motivés à avoir une perception objective et correcte de ce que fut l'apport matériel et intellectuel de la civilisation arabo-musulmane dans les grandes actions fondatrices de la civilisation occidentale et le long processus de sa maturation. L'auteur n'a pas l'intention de faire oeuvre d'historien, mais s'applique tout simplement d'illustrer l'importance, la richesse et la diversité de l'influence arabe et musulmane dans tous les domaines de la vie occidentale, et ce d'après les mots d'emprunt, faitsant sienne cette admirable et très juste constatation de Viga Brôndal : « Chaque courant de civilisation, qui touche plus que superficiellement une population, laissera des traces dans la langue de celle-ci une langue, est, comme on l'a souvent remarqué, un musée historique et culturel. » Car, de fait, le français doit un nombre relativement considérable de mots à l'arabe, butin linguistique qui sera capté par de nombreuses et différentes voies. Les avancées prestigieuses des sciences et techniques arabes au Moyen-Âge devaient déterminer un vaste et puissant mouvement de traduction, de l'arabe au latin scolastique, d'un grand nombre d'ouvrages de mathématiques, d'astronomie, de médecine, d'alchimie, etc., composés par les fleurons de la science arabo-musulmane, tels que al-Khawârizmî (Algorismus), Ibn Sînâ (Avicenne), Ibn Rushd (Averroès), et tant d'autres encore. La science et le savoir-faire technique véhiculés par ces ouvrages vont ainsi très rapidement se répandre dans toutes les jeunes universités de l'Europe chrétienne. Et c'est essentiellement dans ces traductions latines que le français allait puiser la plupart des termes scientifiques qu'il doit aux Arabes. D'autre part, l'expansion de l'islam qui, après avoir failli, au VIIIe siècle, s'imposer à la France elle-même, subsistera en Espagne jusqu'au début du XVIIe siècle, ainsi que les Croisades, qui en furent la contrepartie, créeront de multiples et très denses points de contact entre les deux mondes, ajoutant aux emprunts savants les emprunts plus directs et plus naturels par la parole. A ce genre d'ouvrages, les tenants de la « pure et doulce France », les Philippe de Villiers, les Jean-Marie Lepen & consorts, seraient bien tentés de dire, paraphrasant leur magnifique ancêtre Tartuffe : « Taisez-moi ces mots arabes que je ne saurais ouïr ! »
Couverture : Ta'kîd adb-dbât laysa lu'batan. innahu 'adbâb, traduction arabe de l'apophtegme de Franz Fanon (1925-1962) : Se chercher n'est pas un jeu, c'est une souffrance, calligraphié par l'Irakien Hassan Massoudy.
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