William Sportisse, né en 1923 à Constantine dans une modeste famille de culture judéo-arabe, découvre très jeune le colonialisme et la misère des Algériens, et comprend les raisons qui ont poussé son frère aine Lucien à rejoindre dès les années 1920 le mouvement communiste pour lutter contre l'oppression coloniale. En 1940, âgé de 16 ans, il adhère au Parti communiste algérien alors réduit à la clandestinité, et apprend en 1944 l'assassinat de son frère par la Gestapo en France. Convaincu que les combats contre le fascisme, le capitalisme et le colonialisme ne doivent faire qu'un, il prend après la Seconde Guerre mondiale toute sa place dans la lutte pour l'indépendance de l'Algérie. Au début de la guerre de libération, il dirige à Budapest une émission de radio en langue arabe qui cesse d'émettre sous pression du gouvernement français. De retour en Algérie, il rencontre son camarade Henri Maillot qui lui fait part de la possibilité de s'emparer d'un camion d'armes de l'armée française - action qui décidera Abbane Ramdane et le FIN à entrer en contact avec le PCA. Revenu dans sa ville natale en 1956, il coordonne l'action clandestine des communistes du Constantinois et y organise le soutien à l'ALN jusqu'à la fin de la guerre.
Devenu journaliste à Alger Républicain après l'indépendance, il est arrêté et torturé comme de nombreux militants pour avoir exprimé son désaccord avec le coup d'État du 19 juin 1965. Après sa libération de prison, il reprend ses activités militantes au sein du Parti de l'avant-garde socialiste, successeur du PCA, et poursuit jusqu'à ce jour le combat pour une Algérie socialiste.
A travers la trajectoire personnelle et familiale de William Sportisse et la confrontation de ses souvenirs à de nombreux documents d'archives, c'est l'histoire méconnue et parfois occultée du mouvement communiste algérien que ce livre d'entretiens permet de retracer.
Pierre-Jean Le Foll-Luciani enseigne l'histoire à l'université Rennes 2 (France). Sa thèse s'intitule « Les juifs algériens anticolonialistes. Étude biographique (entre-deux-guerres 1965) ».
En couverture : portrait de William Sportisse par Mustapha Boutadjine
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