A vingt ans, Mamoun n'a plus rien du musulman, tous les faits se rapportant à sa tendre enfance sont passés à l'état de vague souvenir dans sa mémoire. Seuls les mois de vacances lui rappellent qu'il est arabe, qu'il est fils de caïd, qu'il est musulman et enfin qu'il est le fils d'un terrien opulent. Souvent alors, il faisait la tournée avec son père dans les boccas du douar, pour la perception des impôts notamment. Monté sur un mulet cossu, il franchissait les ravins desséchés, clairsemés de rochers couverts de boue, il escaladait les sentiers les plus abrupts et répondait poliment au salam respectueusement articulé par les Arabes, terrifiés par la vue du caïd, marchand à pied et confondus devant le burnous rouge de son père.
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