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Jacques LIZOT - METIDJA, un village algérien de l'Ouarsenis

Jacques LIZOT - METIDJA, un village algérien de l'Ouarsenis


Prix : 700 (DA) - 7 €


Jacques Lizot, Metidja, un village algérien de l'Ouarsenis. Alger, Société nationale d'édition et de diffusion, 1973, 155 p., ill. (Mémoires du Centre de recherches anthropologiques, préhistoriques et ethnographiques, XXII).

Présentée initialement comme thèse de sociologie en 1967, cette monographie repose sur des enquêtes faites essentiellement en 1963-64 dans un village de montagne (1 100 m d'altitude) où vivent environ 600 personnes, où l'agriculture (143 ha cultivés, dont 21 irrigués) n'apporte qu'une part très faible des ressources (4 %) à côté de l'élevage (29 %) et surtout des salaires des mines voisines (25 %), des pensions et emplois publics divers ou de revenus commerciaux. Avec ses organisations agnatiques encore perceptibles (clan à groupement territorial, contenant trois lignages laïques et un lignage maraboutique) et son économie agraire désormais incapable de subvenir aux besoins élémentaires, Metidja fournit un bon échantillon de ces communautés montagnardes où l'on assiste à la désagrégation progressive des structures traditionnelles. Cela est particulièrement sensible dans les alliances matrimoniales (pas plus de 4 % de mariages entre cousins parallèles patrilatéraux, les marabouts seuls gardant un fort pourcentage d'endogamie lignagère existence d'une polygynie diachronique qui traduit un état de crise du système d'alliances, chaque homme ayant en moyenne entre trois et quatre épouses au cours de son existence, par le biais de répudiations successives sur lesquelles nous restons d'ailleurs trop peu renseignés) et dans les conflits internes, où le rôle d'arbitre et de médiateur des marabouts paraît contesté. Le résultat est « une société tournée vers le passé », qui rationalise ainsi son anxiété devant les changements culturels qui l'assaillent. Cette attitude apparaît comme une réaction à l'éclatement des liens, et à la dissolution des valeurs anciennes et de la sécurité qu'elles apportaient. Ce « refus du présent » est évidemment dysfonctionnel.

Il y avait là tous les éléments d'une étude originale et fortement charpentée, dont les grandes lignes sont d'ailleurs clairement esquissées dans la courte conclusion. Mais en fait l'ouvrage se présente beaucoup plus comme un inventaire descriptif, peu coordonné, de l'ensemble de la culture matérielle et spirituelle, sans fil conducteur. Beaucoup de développements sont de caractère tout à fait banal (par exemple ceux, de seconde main et assez informes, sur la géologie et le climat, qui figurent au début du livre et témoignent surtout du peu de familiarité de l'auteur avec ces domaines). L'ouvrage souffre évidemment d'avoir été un travail de débutant, préoccupé à bon droit de collecte des matériaux et hésitant sur les interprétations ce dont l'auteur apparaît d'ailleurs parfaitement conscient dans une préface écrite plusieurs années après. Le matériel ethnographique présenté est en tout cas abondant et riche. Il a été recueilli avec une évidente honnêteté intellectuelle, même si certains chiffres, de source sans doute officielle, sont reproduits sans beaucoup de critique et sont même nettement invraisemblables (rendement moyen des céréales (p. 51) : 2,5 qx/ha chiffre d'ailleurs contredit par les données de la p. 136). La présentation, par ailleurs, est défectueuse, avec un grand nombre de fautes d'impression, mais aussi des négligences qui relèvent de l'auteur, comme des plans sans échelle (p. 28) ou des légendes incomplètes (Fig. p. 204), etc. Tel quel, l'ouvrage constituera néanmoins une source utilisable et utile.

X. de Planhol


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